Thèse

Éduquer au bien-être animal en formation professionnelle : prise en compte de l’empathie interspécifique par le système éducatif

Par Vidal Michel
Directeur ou directrice de thèse : Laurence Simonneaux
Université de soutenance : Université Toulouse le Mirail – Toulouse II
Année de soutenance : 2014
Résumé :
Les débats scientifico-éthiques relevant du bien-être animal en font une question socialement vive. Nous interrogeons son enseignement en formation agricole, envisagé au travers d’une éducation à l’empathie interspécifique. Nous questionnons les facteurs des éducations formelle, non-formelle et informelle susceptibles de le défavoriser. Notre recherche se fonde sur les discours de 7 élèves en formation relevant de l’élevage d’animaux de production ou d’animaux de compagnie, de 5 enseignants et de 108 auteurs de manuels scolaires du XIXe et XXe siècle. En début de formation, 6 élèves souhaitent créer une relation affective avec l’animal mais ne développent pas nécessairement une attitude empathique durant la formation. Les facteurs incriminés sont (1) le manque de confiance en soi de l’élève et les jugements qu’il subit de ses pairs, de l’enseignant ou de ses parents, (2) la conformation aux savoirs, pratiques et idéologies des parents, des professionnels ou de l’enseignant, (3) une conception et une motivation anthropocentrée et réifiante vis-à-vis de l’animal, (4) la dissociation de la dimension relationnelle et productive de l’élevage. Ils génèrent des mécanismes de défense préjudiciables à une pensée critique. Nous préconisons un enseignement professionnel fondé sur une réflexivité critique scientifico-éthique. Pourtant l’expression des émotions et des valeurs est évitée par les enseignants. Si les auteurs des manuels scolaires de 1830 à 1900 prennent en compte la question éthique du bien-être de l’animal avec une posture moraliste zoo- ou anthropocentrée, celle des auteurs contemporains est plutôt neutre, parfois engagée, voire contradictoire.