Thèse

Etude d’activités d’exploration de pratiques de recherche de scientifiques dans le cadre d’un partenariat

Par Voisin Vincent
Directeur ou directrice de thèse : Maryline Coquidé-Cantor
Université de soutenance : Université Paris-Saclay
Année de soutenance : 2017
Résumé :
Le dispositif des enseignements d’exploration de la réforme du lycée de 2010 se distingue des enseignements traditionnels par la liberté octroyée dans sa conception au niveau de curriculum potentiel et parce qu’il s’apparente à une éducation à l’orientation par l’exploration de cursus et d’activités professionnelles. Un partenariat, nommé EDIFICE, conçu par l’université d’Orléans, est une forme curriculaire potentielle du dispositif d’enseignement d’exploration de Méthodes et Pratiques Scientifiques pour la classe de seconde. Dans sa tranche n°1, il regroupe des laboratoires de recherche avec des lycées d’enseignement général et technologique, et vise la participation d’élèves à des activités de recherches de doctorants au cours de moments en laboratoire. Chaque doctorant encadre deux à six élèves accompagnés par un enseignant du lycée. Le contexte éducatif des laboratoires nous conduit à définir l’action d’exploration, afin de constituer le fondement théorique relatif à ce travail. Nous questionnons ensuite la mise en œuvre du dispositif EDIFICE par rapport à une approche curriculaire associée à la notion de pratiques sociales de référence: 1) Comment les élèves explorent les pratiques sociales de référence des laboratoires ? 2) Comment ils explorent les pratiques de recherche doctorale ? 3) Comment les explorations en laboratoire sont co-produites par les trois types d’acteurs impliqués : le doctorant, les élèves et l’enseignant accompagnateur ? Notre recueil de données porte sur la totalité des 26 groupes doctorant, élèves et enseignant accompagnateur de la première année de mise en œuvre du dispositif. Nous analysons, selon la question de recherche, des réponses écrites des élèves, des entretiens réalisés avec les trois types d’acteur, des observations lors d’un congrès des élèves et dans les laboratoires visités. Des cahiers de laboratoire et les diaporamas du congrès des élèves sont également étudiés, ainsi que des articles de recherche, des supports de présentations et des thèses des doctorants. Tout d’abord, nous constatons que les élèves élaborent des représentations nombreuses sur les sciences et la pratique sociale des chercheurs, puisqu’ils se rendent compte de l’importance des écrits, des flux d’informations en réseau et entrevoient maintenant le laboratoire comme un espace de collaboration. La rencontre avec la résistance du réel et la phénoménotechnique contribuent à décloisonner les sciences, les technologies et la société. Les sciences en action sont considérées, pour certains, comme imaginées et inventées et cette expérience permet globalement un élargissement des possibilités d’orientation. Ensuite, nous inférons quatre modes distincts d’exploration de la recherche doctorale. Un mode se focalise sur l’acquisition de concepts généraux de la thèse, un autre transpose de manière synthétique une démarche de la recherche doctorale. Un troisième mode correspond à une démarche personnelle de problématisation. Dans le mode ethnographique, la recherche est explorée à un instant donné, sans adaptation. Les explorations des élèves apparaissent tributaires de l’épistémologie de la discipline de recherche. Enfin, les enseignants accompagnateurs et les élèves exercent une influence majeure sur la nature des explorations lors du processus de co-production qui conduit à des modifications sur la conception du curriculum potentiel. La possibilité pour chacun des acteurs d’explorer est discutée en lien avec l’enrichissement mutuel conféré par le cadre partenarial.